Octavie d'Urville d'Esther Brassac

👻👻👻

Octavie d'Urville 1 : Sous l'ombre du vampire

Esther Brassac

Éditions du Chat Noir

Féline

mars 2017

L'Histoire

On suit Octavie, une jeune femme complexée par sa maigreur, et fée fantôme, travaillant au "Chaudron qui fume", à Londres, sous la houlette de Swann, vampire gay de son état, un brin maniaque. 

"Swann me détailla avec la mine d'un gastronome impatient de me cuisiner à la mode vampirique c'est-à-dire avec beaucoup de sang."

De nombreuse disparitions de Supras (êtres aux pouvoirs surnaturels) au milieu de cette ville partagée entre humains et non humains inquiètent Octavie et son patron. Mais lorsque ce dernier est agressé puis disparaît à son tour, Octavie se voit dans l'obligation d'enquêter, aider de James, un humain ténébreux mais terriblement craquant. 

"Je suis une incorrigible optimiste 

( à temps partiel, j'en conviens)."

La couverture

Soyons superficielle : la couverture de Miesis-Sylvie Veyres m'a attiré l’œil. J'adore ce noir et blanc élégant, la silhouette filiforme d'Octavie, celle de Sacrebleu, son chat, de l'horloge parlante du "Chaudron qui fume", de l'écureuil et de l'arbre enchanté qui trône au centre de la boutique. 

 "Dehors un silence sépulcral nimbait la nuit piquetée d'étoiles."

 Une couverture qui incite au voyage, au plongeon dans la lecture de ce roman.  

" Si le chien est le meilleur ami de l'homme, le chat est celui des fés fantômes."

Sans le titre du tome : "Sous l'ombre du vampire", je partais pour une enquête policière, s'ajoute donc à l'investigation, la dimension fantastique et une touche fantasque de l'auteur après lecture. D'autres couvertures de l'infographiste sur le même modèle minimaliste et contrasté et dans un autre style.

"– Non, trancha Swann. Je te l’interdis.
Ça, c’est juste le mot à ne pas prononcer devant moi. Autant me donner mille fois plus envie de désobéir. Interdit, ça laisse entrevoir des merveilles ou des horreurs qui titillent ma curiosité d’une manière insupportable."

Mon avis

Lecture fluide, pleine de péripéties, de rencontres avec des personnages hauts en couleurs : Gloria, fashion victim rondelette et fée fantôme comme Octavie, Clyde, démon schizophrène, amant de Swann, vampire, Belle, naïade, Giacomo, fantôme italien toujours en sérénade, James, humain séduisant, Arthur, archivampire et je passe sur les autres créatures cruelles à la gueule patibulaire. 

 "Le chagrin palpitait dans mon coeur, s'épanouissait en une fleur de tourment."

 Ici, c'est Octavie qui parle, nous avons son point de vue sur ce qui se passe et plus encore. Le point de vue d'une femme de 25 ans, titillée par les hormones et complexée par son poids inconséquent. 

"Des lèvres chaudes se plaquèrent sur les miennes avant que je puisse achever ma diatribe. Les tambours du Bronx s'invitèrent dans ma poitrine tandis qu'un feu d'artifice explosait sous mon crâne avec son et lumière."

Ce ton désinvolte apporte fraîcheur et légèreté au récit fantastique.

Seul bémol : l'enquête qui vers la fin du tome piétine, c'est dommage ! Je sais que c'est pour mieux nous cueillir au prochain opus. Mais j'aurai souhaité  un dénouement plus abouti pour ce tome. 

Les points forts restent pour moi : le ton léger du roman, le chaudron qui fume, lieu insolite avec ses pièces imbriquée et ses occupants farfelus. 

 "J'entamai un monologue mental pour me secouer les puces, histoire de remettre mes neurones en activité quand une étincelle d'intelligence débarqua à l'improviste."

Je me laisserai tenté par la suite pour retrouver cette bande de joyeux drilles et l'univers loufoque, décalé, riche et original créé par l'autrice, mêlant humains et Supras dans une sarabande entraînante.

"Alors les minutes se noyèrent dans l'instant présent..."

Une maison d'édition à suivre : les éditions du chat noir