Crédits : Mnémos |
Lames vives, livre 1 : Obédience
Ariel HOLZL
Mnémos
Naos
octobre 2019
332 p.
#ISBN9782354087487
Le texte d'éditeur
Le vif-argent coule dans leurs veines.
Les esclaves sont devenus les maîtres.
La République d’Obédience est née.
Six destins se croisent et se brisent comme des chaînes dans ce roman aux personnages complexes et humains. Un récit d’aventure puissant, poignant et addictif sur la liberté et la lutte pour ses idéaux.
Le contexte de lecture
Lecture dans le cadre du #PLIB2020. Je suis ravie de découvrir Ariel Holzl dans un nouveau registre, toujours en fantasy. La couverture est magnifique comme à chaque fois et elle est signée Melchior Ascaride.
leplib |
Nous allons suivre plusieurs points de vue, plusieurs personnages qui vont se télescoper violemment à un moment donné lors d'une révolte sans précédent dans ce monde fait d'injustices, de complots, de non-dits, de pouvoirs et d'un brin d'"humanité". Six "vies" qui survivent, certains sans mémoire, quand d'autres lisent les esprits et gardent un lourd passé en souvenir vivace.
L'univers créé
Nous sommes dans un royaume en ruine, dévasté, pollué fait d'un désert de sable volcanique le Nigredo, d'un Océan noir intoxiqué, de vestiges de cités califales disparues avec la Guerre des Chaînes et d'une ville Trinitas tenue par la République et les Muedins alors que les Haa'thi, opprimés vivent à Albedia la blanche ou sur Pha'Rodia, la cité flottante.
L'intrigue
L'alternance de points de vue nous permet de découvrir le monde et les personnages de ce récit au fur et à mesure et d'en comprendre les rouages, les chaînons plutôt qui clivent chaque protagoniste à un destin qui semble immuable. Il semble qu'un premier grain de sable nommé Gryff viennent perturber les engrenages bien huilés de La République corrompue grâce à un deuxième grain de sable Minah, une empathe. Rien d'étonnant me direz-vous vu que l'intrigue se déroule aux portes d'un désert. Du sable, il y en a à revendre. Cela ne pouvait que se gripper...
Nous allons découvrir que la République a recours à une armée d'êtres, monstres rendus puissants grâce au vif-argent létal qui coule dans leurs veines : les Lames. Ces soldats modifiés, mutants se voient dotés d'armes parties intégrantes de leurs corps.Cette armée est sans mémoire (ou presque), communiquant par télépathie et utilisant la violence pour anéantir les derniers bastions Haa'thi. La République a aussi une armée d'élites les Magnites, admirée et crainte.
Au moment du récit, il semblerait qu'un complot viserait le Festival Solaire de Trinitas, mais personne ne sait comment le déjouer. les magnites sont chargés d'enquêter discrètement pour débusquer le coupable.
L'intrigue va très vite laisser l'action prendre le dessus et emporter le lecteur dans un compte à rebours effréné et haletant à la suite de Gryff, Minah, Nazeem ainsi que Saabr et Ellinore et le mystérieux ?
Une intrigue comme un puzzle, qui vire vite à la tempête de sable et devient alors addictive (impossibilité de poser le livre avant de l'avoir terminé).
Les personnages
Que dire des personnages ? Ce ne sont pas des héros mais plutôt des anti-héros qui subissent d'abord le système, mais qui vont très vite s'affranchir. Ils ont soif de liberté, de connaissances, de réponses. Une quête va voir le jour initiée par Minah, une jeune empathe, obnubilée par son passé et la disparition de sa jumelle. Elle entraîne dans son sillage Nazeem, son ami secrètement amoureux et un mort ressucité : Gryff (ancienne Lame).
Gryff est un incorrigible romantique dans le corps d'une machine à tuer, un paradoxe sur patte en somme. C'est l'un de mes personnages préféré avec Saabr (brut"e" de décoffrage) qui fonctionne à l'instinct et ne manque pas d'humour.
Plus rationnelle est Ellinore, la Magnite. J'aime son calme apparent et sa détermination. Elle n'en est pas moins sensible.
Des personnages originaux aux rapports complexes, qui tranchent, coupent, éviscèrent, hachent menu, menu, écorchent, lacèrent, étranglent, s'entredéchirent mais qui sont si attachants malgré ces airs de brutes.
La plume
Ariel Holzl semble encore apprécier les armes blanches (qui ne le restent pas longtemps dans ce roman) à l'instar de ses héroïnes de Grisaille*. Magnifique collection d'objets tranchants, avis aux amateurs, assortie d'un champ lexical fleuri de l'éviscération, éventration et autres joyeusetés qui doivent ravir Nyx*.
*voir les Sœurs Carmines
Je regrette de ne pas avoir retrouver totalement la verve incisive d'Ariel Holzl, même si cet opus ne manque pas d'incision au sens propre, (cela aurait peut-être été too much d'ajouter le sens figuré).
Son humour est toujours là au coin d'une phrase, un humour grinçant, cynique, noir.
L'univers et les personnages sont tip top : j'ai adoré la traversée du désert et l'Océan noir, les scènes de bagarres et d'insurrection dynamiques et prenantes. Le plus : pour les personnages, Lames déjantées, Manites naïves ou "complotrices", empathes torturés. Beaucoup d'interrogations à la fin de ce tome qui appelle à corps, à cris, aux armes la suite...
Je dirai que ce tome 1 m'a laissé sur ma faim. J'en sais ou devine trop peu. Il me faudra découvrir le deuxième opus pour me faire un avis plus tranché, coupé, taillé sur mesure et ... percé à jour l'auteur derrière ses six fantastiques.