mercredi 1 novembre 2017

L'Auberge de Nulle Part de Roberto INNOCENTI et J. Patrick LEWIS



L'Auberge de Nulle Part

Roberto INNOCENTI

J. Patrick LEWIS

Gallimard

décembre 2006 (1ère édition : septembre 2002)

48 p.


L'Histoire


Un illustrateur, qui n'est autre que Roberto Innocenti, part à la recherche de son imagination perdue et se retrouve devant une étrange auberge battue par les flots. Les clients ont tous quelque chose de particulier et, en même temps, un petit air qui nous est familier : un marin à la jambe de bois, une frêle jeune fille qui semble cacher une queue de poisson sous ses dentelles, un aviateur dont l'avion s'est écrasé dans les dunes, un chevalier à la triste figure… Il s'agit bien sûr de quelques-uns des plus célèbres héros littéraires de notre enfance. Tous semblent en quête d'une partie d'eux-mêmes.

" mais peut-on mettre l'imagination en bouteille ? "

Mon avis 


 Lecture dans le cadre du challenge Albums jeunesse 2017-2018 su babelio et le Pumpkin autumn challenge.

 En quittant la route principale, on quitte le monde réel pour l'imaginaire, des panneaux de signalisation nous l'indique clairement. Tous ses petits clins d’œil sont un régal.  Et comme l'auteur qui a besoin de quitter le réel pour pouvoir imaginer, le lecteur lui faisant confiance le suit su cette route.  Toute cette métaphore filée court dans l'album et nous empruntons ce chemin. 
Roberto Innocenti en mal d'inspiration

Autoportrait ou autobiographie d'un illustrateur en panne d'inspiration qui va oniriquement partir à la recherche de la fibre créatrice en retrouvant ses références livresques. 
A la fin de l'ouvrage, l'illustrateur semble s'adresser à l'auteur pour conclure : 

"Écris que j'ai découvert ici ce qui est le plus précieux à mes yeux, ce don que je n'avais plus en arrivant : la capacité  à rendre réel ce que l'esprit ne fait qu'imaginer. "

J 'aime le dessin précis et si particulier de Roberto Innocenti, qui se dessine lui-même, sans complaisance. 

Cela foisonne de détails. C'est un album qu'il faudra ouvrir encore et encore pour en savourer les détails qui sont passés inaperçus en première lecture. J'adore les albums qui ne révèlent pas tout au premier coup d’œil. Un regard rétrospectif après éclairage de la lecture permet de nouvelles découverte et c'est jouissif pour le lecteur. 

L'illustrateur utilise tous les formats de dessins de la pleine page à la miniature
Il excelle dans le dessin narratif proche de la bande dessinée (comme sur la  1ère de couverture avec son arrivée à l'auberge, le temps qui passe et son départ). 


Le choix des plans très subjectifs : contre-plongée sous l'avion de Saint-Exupéry ( un maître, un modèle ? ), une plongée sur la salle de repose où les personnages fictifs se côtoient tous ensemble rassemblés sous le regard englobant, embrassant de l'illustrateur Roberto Innocenti. 

On regarde à travers ses yeux d'artiste par moment. Sinon ils s'inclue au milieu d'eux, observant ce qu'ils observent (son regard regardant la mer comme Saint-Exupéry ou encore côte à côte avec le petit vagabond regardant la petite sirène partir ).  




C'est un album difficile à aborder avec des jeunes enfants en raison des références... Mais pourquoi pas ?  C'est une balade onirique qui peut leur plaire accompagné d'un adulte à l'écoute.  Et comme le précise l'auteur : 

"ce qu'il y a de merveilleux avec les histoires, c'est qu'elles peuvent être lues de manières aussi différentes qu'il y a de lecteurs. " 

D'ailleurs, j'ai cru voir Hercule Poirot dans les clients pourtant il n'est pas mentionné en fin d'ouvrage. Je pense que malicieusement l'auteur à glisser des indices littéraires pour les curieux, comme un jeu complice auteur/lecteur.

Il se retrouve perdu entre mer et terre dans une auberge aux clients personnages sortis tout droit de classiques de la littérature. C'est un retour aux sources de l'inspiration et pour Roberto Innocenti ses racines plongent dans le creuset littéraire mondial. 
Personnages fictifs ou auteurs : on retrouve Saint-Exupéry, la petite Sirène, Huckleberry Finn, la baleine Moby Dick et le capitaine Achab, le pirate terrifiant de l'île au trésor : Long John Silver et le mythique Don Quichotte, le baron perché
En parlant des sources d'inspiration, à savoir les personnages et auteurs, il dit :

 "Bref, ils avaient tous semé la curiosité et récolté l'imagination." 

Ces souvenirs d'enfance livresques semblent redonner goût à la création à l'auteur.

A mettre en réseau avec Le Livre disparu de Colin Thompson, que j'adore. Même thématique et souci du détail.




J'adore ces rêveuses rencontres, qui donnent envie de se plonger dans certains classiques que je ne connais pas encore. C'est inspiré et inspirant. Merci aux auteurs pour ce voyage en littérature. Bel hommage aux classiques et introspection salutaire. 

" ...je me couchai avec un bon livre et le ventre plein, puis me lançai à l'assaut de la face nord de la montagne des rêves ..."

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