Le Chant du Troll de Pierre BOTTERO, illustré par Gilles Francescano, Rageot, octobre 2010, 187 p.
"Tous les vacarmes du monde habitent le silence, tous les hurlements, tous les fracas."
L'histoire
Nous débarquons dans l'histoire au moment où la tension dans un couple est à son maximum. Léna, la fille de ce couple, assiste sans pouvoir influencer quoique ce soit à la déchirure. Elle va aussi découvrir au fil de sa journée une brèche qui laisse d'abord passer une magnifique fleur. Le monde autour d'elle se transforme, mute. La ville disparaît sous une jungle luxuriante et une faune imaginaire apparaît. Mais la nuit, se le disputant au jour, amène inquiétudes et bruits d'angoisse ...
"Comme si le jour avait trébuché
en se levant et renversé
les couleurs donc il parait
certains petits matins,
le ciel ruisselait
de teintes
aussi étranges que vives.
Du pourpre en longues traînées ondulantes,
du violet audacieux,
des éclaboussures d’or,
un filet de bleu cyan incapable de s’imposer,
des flaques lactescentes virant à l’orangé,
le mélange de ces teintes improbables
distillant une lumière mordorée
qui transformait les rares passants matinaux
en créatures oniriques."
en se levant et renversé
les couleurs donc il parait
certains petits matins,
le ciel ruisselait
de teintes
aussi étranges que vives.
Du pourpre en longues traînées ondulantes,
du violet audacieux,
des éclaboussures d’or,
un filet de bleu cyan incapable de s’imposer,
des flaques lactescentes virant à l’orangé,
le mélange de ces teintes improbables
distillant une lumière mordorée
qui transformait les rares passants matinaux
en créatures oniriques."
Mon avis
Plus qu'un pas sur le côté, Pierre Bottero nous fait assister à une tombée en imaginaire pur, une plongée entre réalité et fantasy, joie de vivre et tristesse.
"- Un, deux, trois,
Trois à Trois,
Toi et moi.
- Un, deux, trois,
Toi et moi,
Ça fait deux,
Qui est trois?
C'est toi ! "
Trois à Trois,
Toi et moi.
- Un, deux, trois,
Toi et moi,
Ça fait deux,
Qui est trois?
C'est toi ! "
Nous découvrons Léna, une petite fille, qui semble délaissée, seule, avec un père obnubilé par son travail d'écriture. Chacun reste dans sa bulle de solitude jusqu'au moment où un sprite, sorte de petit farfadet malicieux et facétieux, s'adresse à Léna.
" Si la qualité d'un professeur se mesure au nombre d'approximations dans
ce qu'il enseigne, de lacunes dans ce qu'il sait et de maladresses dans
ce qu'il raconte, notre ami Burph est un champion."
Nous allons alors basculer d'un monde à l'autre, explorer la frontière tenue entre réalité et imaginaire mais ce que cette faille ne fait disparaître ni d'un côté ni de l'autre ce sont les émotions, les ressentis. Un voile de tristesse tenace persiste. Et l'on découvre à demi-mot, la réalité des faits, une vérité impossible à affronter de face.
" Léna.
Étrange sentiment de reprendre sa route .
D'achever de se dissoudre dans l'univers ,
de devenir , redevenir , une simple molécule
dans un tout qui la dépasse ,
qui la dépassait ,
et qu'elle conçoit enfin.
Perdre la conscience d'être
pour gagner celle d'appartenir.
Lâcher prise.
Une âme devenue infinie et un corps oublié.
Oublié.
Sauf la main.
La main gauche.
Une main
qui refuse de céder
et revendique son existence .
Son appartenance à un tout ,
certes fini et imparfait ,
mais qu'elle n'a aucune intention
de laisser s'évaporer."
Étrange sentiment de reprendre sa route .
D'achever de se dissoudre dans l'univers ,
de devenir , redevenir , une simple molécule
dans un tout qui la dépasse ,
qui la dépassait ,
et qu'elle conçoit enfin.
Perdre la conscience d'être
pour gagner celle d'appartenir.
Lâcher prise.
Une âme devenue infinie et un corps oublié.
Oublié.
Sauf la main.
La main gauche.
Une main
qui refuse de céder
et revendique son existence .
Son appartenance à un tout ,
certes fini et imparfait ,
mais qu'elle n'a aucune intention
de laisser s'évaporer."
Gilles Francescano
Les illustrations de Gilles Francescano donnent à contempler le monde imaginé par l'auteur avec une sensibilité à fleur de dessins.
Gilles Francescano, source : les imaginales.com |
Sa palette balaie par touches tous les sentiments, d'abord sur la réserve, il laisse s'exprimer la nature envahissante et donnent à voir des portraits d'êtres imaginaires empreints d'humanité.
La partie sombre, n'est pas en reste, avec les "chiens rouges", la nuit inquiétante pleine de bruits, de créatures maléfiques. Il nous invite par les dessins dans un véritable cauchemar.
Autres illustrations de Gilles Francescano
Pierre Bottero
La démarche de l'écrivain devant son ordinateur qui s'évertue à créer un monde à l'image de celle qu'il veut préserver est bouleversante.
Pierre Bottero nous livre un message plein de vie et se livre par la même occasion.
"Ce
n'est même pas un roman, c'est... c'est un monde que je lui offre, que
je crée pour elle pour... pour... pour qu'elle y vive."
Emotion, maître mot de ce récit qui résonne en nous.
Pierre Bottero, permet-moi de faire un pas sur le côté juste pour te transmettre ce petit mot : Merci.
Pierre Bottero <3
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