La Fille qui tressait les nuages
Céline Chevet
Les Éditions du Chat Noir
Neko
juin 2018
288 p.
#ISBN9782375680797
La petite histoire
Saitama-ken, Japon.
Entre les longs doigts blancs de Haru, les pelotes du temps s’enroulent comme des chats endormis. Elle tresse les nuages en forme de drame, d’amour passionnel, de secrets.
Sous le nébuleux spectacle, Julian pleure encore la sœur de Souichiro Sakai, son meilleur ami. Son esprit et son cœur encore amoureux nient cette mort mystérieuse. Influencée par son amie Haru, Julian part en quête des souvenirs que sa mémoire a occultés. Il est alors loin de se douter du terrible passé que cache la famille Sakai…
Contexte de lecture
Une lecture du#PLIB2019 : une découverte inattendue, surprenante et lancinante.
Ce que je retiens de cette lecture...
La plume de l'autrice est soignée, avec de magnifiques envolées poétiques dans une histoire tragique. De plus, l'autrice construit son intrigue et nous plonge dans une spirale infernale de plus en plus sombre avec des rebondissements qui réorientent le point de vue du lecteur à chaque fois sur une nouvelle piste. J'aime le traitement de l'atmosphère qui entoure les personnages, toujours en accord avec leurs émotions. L'auteure file les métaphores dans son texte ciselé.
"Les rizières alentour avalaient le soleil dans leurs feuilles dorées."
[spoiler]
Elle aborde une thématique lourde celle du viol d'une enfant qui a des répercussions sur les générations suivantes. C'est l'histoire de Yuki, une enfant abusée, puis abandonnée qui engendre une succession de malheurs pour venger sa misérable vie.
Et c''est Julian, un personnage qui n'appartient pas à la famille maudite qui partage ses émotions, ressentis et visions avec le lecteur. Par le prisme de ses yeux, la réalité est distordue et il recrée tout un univers autour de lui où les éléments, les objets ont une vie propre et participent de l'atmosphère pesante de l'histoire.
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J'ai du mal à cerner Akiko, personnage insaisissable dans le récit, comme pour le lecteur. Elle semble ne pas avoir de consistance, de réalité propre. Elle semble n'exister que par et pour Julian, et encore avec difficulté pour lui aussi. Elle l'aide pourtant à lever le voile de ce secret familial macabre.
"Finalement, le temps déchire les âmes comme le vent étire les nuages
jusqu’à ce qu’ils ne soient plus que des lambeaux. C’est pour ça que
j’aime les tresser, j’ai l’impression de les rendre plus robustes aux
aléas du temps."
Haru est l'autre pendant féminin qui gravite autour de Julian et tresse les nuages et caresse les chats, évoluant tel un rayon lumineux, tentateur, boudeur autour du jeune homme.
Les deux autres jeunes de l'histoire sont Souichiro et sa sœur. Souichiro est très charnel et désinvolte en apparence. Il est trop mature pour son âge à la recherche d'un contact physique pour exister et être aimé.
Sa petite sœur apparaît sous plusieurs facettes lumineuses ou très sombres avant que la réalité éclate en mille morceaux telle une porcelaine translucide et claire qui se casse sur un sol noir, dur et mat.
Les adultes sont tous très négatifs dans cette histoire : lâches, veules, possessifs, cruels, incestueux. Ils ne véhiculent aucun espoir. Seule la mère de Julian présente une figure positive et saine, mais elle a peu de poids dans ce récit. Melle Ikeda est une femme blasée par son travail et désenchantée dans sa vie sentimentale.
" Mais l'on n'est jamais aussi égoïste que lorsqu'on est amoureux. "
Une histoire de possession, de malédiction onirique et à l'atmosphère suffocante qui laisse un goût d'amertume et de tristesse, la dernière page tournée.
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