jeudi 22 octobre 2020

La Fille du chasse-neige

 


🎵🎸🐝💘
La Fille du chasse-neige
Fabrice Capizzano
Au diable Vauvert
juin 2020
526 p.
 
 La petite histoire
Une histoire de famille. Une histoire d'amour.
De la musique, des abeilles, de la colère, de l'amour. Mais aussi un tas de bûche,s, des fausses notes et des anicroches, du gravier, une culotte à pois sur un fil à linge. Un tilleul pour la sieste, un saule pleureur pour les jurés-crachés. Et la vie et l'amour, un point c'est tout.

 "Dis-moi Tom, qu'as-tu fait pour ton rêve aujourd'hui ? "

 

Whaou ! Coup de chaud ! Recommandation à mille % à ceux qui aiment une écriture coup de poing, coup de gueule. 

 " Les migrants s'entassent aux frontières comme des sacs poubelles bons pour des incinérateurs. "

 Une écriture lapidaire. Incendiaire. Vibrante. Vivante.

 "Ça ne sert à rien de parler avec les pleins et les déliés si ton coeur est vide. "

  C'est une écriture qui griffe, qui gifle...

 "Les larmes effacèrent les slogans, les cris couvrirent les huées, la colère avala la révolte, la peur étouffa la passion et alluma la télévision."

... mais qui caresse aussi.

 "Je voulais de l'espace, des voix lactées et l'apesanteur.

Un tilleul pour la sieste. 

Un coin pour la fille du chasse-neige.

Des murs enregistreurs de sons. 

Un traducteur-mesureur d'émotions. 

Un captureur de couleurs. 

L'odeur du printemps toute l'année.

Des trucs comme ça.  "

 J'y retrouve la jouissance des mots de Mathieu Malzieu, Joanne Richoux , Axl Cendres, Anne-Laure Bondoux... Une écriture de l'émotion. 


L'auteur nous renvoie à la gueule, tel un Emilio rageur, une photo dans un cadre en acier trempé de notre société en compostage, pourrissante, fuyant ses responsabilités, cultivant les non-dits, polissant le miroir aux alouettes, se perdant dans la futilité loin des valeurs terriennes...  et aériennes. 

 "On s'extasie face au côté vintage des vieilles valeurs sans se les appliquer. Amitié, fidélité, solidarité. "

La plume est incisive, précise et aussi métaphorique, poétique. Une écriture métamorphique comme la pierre volcanique :  brûlante et fascinante. 

 Un portrait de famille sans condescendance et sensible. 

"A bien y réfléchir, alors quand ces jours d'été caniculaires elle luttait contre la mort, je me disais que contrairement à ce que je pensais, le feu de ma mère ne s'était jamais éteint. oui elle était résiliente, oui elle avait courbé l'échine pour éviter les coups, oui la rage avait laissé la place à la cage, oui, oui, oui, mais lorsque je repense à la scène où elle demanda à papa d'arrêter de me faire chier ou à ses mots pour ma sœur avant de plonger dans le coma, je me dis que ce sont bien les mots d'une femme vivante qui n'en avait pas fini, et que son rôle de mère, de femme, de lumière éclairante dans les nuits d'orage et de tempête, ne s'arrêtait pas là. Je crois bien qu'elle avait remis la main sur son rêve et qu'elle comptait bien s'en occuper.

Que des dièses. Un bémol : l'absence d'une playlist en fin de roman pour prolongée la musique des mots.


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