jeudi 15 avril 2021

Le Cloître des vanités

 🔮👼✝️❤😈
Le Cloître des Vanités
Manon Segur
Crin de chimère
Archelune 
mars 2021
 239 p.

♱Le texte d'éditeur

1231, Occitanie…

Cela fait plus de mille ans que le cloître des vanités attire des âmes gangrenées par le désir et le désespoir. Sernin le bâtisseur, démon à la fois cruel et raffiné, règne en maître dans cette cour ensorcelée. Il a façonné Albeyrac, la fière cité Languedocienne entourant son piège et goûte à présent une retraite bien méritée mêlée de torture, de meurtres et de dégustation de souvenirs volés...Hélas, l’arrivée d’un groupe de prêcheurs Albigeois va tout changer à proximité de son garde-manger. Les Parfaits et Parfaites de la secte cathare risquent de lui saccager son arme favorite par leur foi. Les pouvoirs du démon s’affaiblissent à leur approche, l’empêchant de se débarrasser d’eux par voie directe. Pour ne rien arranger, une des croyantes commence à attirer son attention d’une manière encore inédite, étrangement douloureuse…

🔥La petite histoire

 
En pleine époque médiévale, nous voilà arpentant les rues d'un quartier bien étrange d'Albeyrac puis entrant dans un cloître hors du temps aux senteurs envoûtantes, à la pierre dentelée. Ci-vit le maître bâtisseur Sernin, un homme de pouvoir, manipulateur. Dans ce moyen-âge de guerre de religions, nous suivons Hermine, Roger, Agnès, Perle tentés par les ombres, appelés par la foi. Nous suivons des hommes, des femmes mais aussi un démon et son cœur.


🔮 Mon ressenti

 



Pour commencer, je tiens à souligner le soin et la qualité éditoriale sur le plan de la couverture et de la mise en page des chapitres avec des miniatures et fioritures ciselées. Le choix des titres de chapitres en un mot commençant par la lettre P, les noms des lieux et personnages à consonances occitanes et/ou à double sens montrent une écriture maîtrisée jusque dans les détails. 

L'ambiance fantastique est réussie de bout en bout, la ville d'Albeyrac est sublimée, le cloître des vanités est un lieu troublant d'antithèses comme son hôte, les édifices participes de l'atmosphère démoniaque ou céleste. 

La plume est aérienne, ensorcelante, précise mais sans être didactique tant sur le plan historique qu'architectural.


J'ai adoré plonger dans ce récit, plonger en Occitanie, dans mes racines cathares.

 J'ai aimé suivre Sernin dans sa suffisance, son orgueil, ses doutes et ses défaillances, sa volonté et ses choix. 

" Sernin aimait ressembler à un seigneur puisqu'il se considérait comme l'un d'entre eux. Le seigneur-architecte d'une petite cour fermée et changeante, magique et somptueuse, secrètement remplie de mort et de larmes."

Mais j'ai surtout apprécié les deux personnages féminins que sont Hermine (un personnage profond et opiniâtre) et Agnès ( indomptable). Le contexte historique m'a touché au cœur et j'ai aimé le traitement de la religion catholique et des convictions cathares.


L'émotion est présente tout du long et balaie tout le spectre des sens et monte crescendo. J'ai aimé l'alternance de moments de contemplation et d'intensité vive, de détachement et d'implication extrême.

"Etait-ce la bonté de l'évêque, le courage des chanoines, la vraie foi de quelques croyants qui lui faisaient cet effet ? Ou la beauté des vitraux dans l'explosion du couchant ? Sernin aimait profondément le chaos qu'apportait cette lumière forte, agressive, presque enflammée. Les rouges étaient brutaux, les bleus endormis, les verts pleins de manigances et les oranges timides, mais charmeurs. "


Au final, un grand merci à l'autrice pour ce texte vibrant, intense et teinté de nostalgie ( la randonnée à Montségur pour mes 12 ans qui m'avait beaucoup marqué et que le final a ravivé). 


 

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