Flon-Flon et Musette, Elzbieta, Ecole des loisirs, septembre 1998, 36 p.
La petite histoire
Toute la journée, Flon-Flon joue avec Musette, tantôt d'un côté du
ruisseau, tantôt de l'autre. Plus tard, ils se marieront. Mais un soir,
le papa de Flon-Flon dit: "Mauvaise nouvelle ! La guerre va bientôt
arriver." Et le lendemain, à la place du ruisseau, il y a une haie
d'épines.
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©Elzbieta |
« Est-ce que je faisais trop de bruit en jouant avec Musette ? (...) Non(...). Les enfants sont trop petits pour
réveiller la guerre. »
Mon avis
Un album universel et intemporel pour parler de la guerre.
La 2ème et 3ème de couverture représentent des fleurs rouges mêlées à des barbelés pour donner le ton de cette histoire entre amour et guerre.
L'auteure a choisi d'utiliser du papier de soie, la superposition, des tons pastels en dominante qui donne un aspect brumeux, estompé, évanescent à l'ensemble.
Elle marque bien les espaces et oppose dedans/dehors en introduisant la fenêtre (cadre dans le cadre), parfois ouverte, souvent fermée ; on observe l'extérieur ou au contraire l'on devine l'intérieur. La fenêtre est ici le symbole à la fois de l'enfermement, de la protection, de la frontière, de l'intimité.
Champ et contre-champ se succèdent pour rendre compte des ravages de la guerre au dehors et au dedans.
Du moment où la guerre éclate, le monde n'est plus sûr. La guerre emprisonne Flon-Flon dans sa maison. La guerre l'isole, l'éloigne de Musette. La guerre le trouble, l'interroge sur sa responsabilité, le questionne.
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©Elzbieta |
Ce qui éclaire ces moments de doute, de peur ce sont les dialogues entre Flon-Flon et ses parents. Cette communication les préserve de la solitude, la peur.
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©Elzbieta |
« La guerre était trop grande. Elle n'écoutait personne. On l'entendait
aller et venir. Elle faisait un bruit immense. Elle allumait de grands
feux. Elle cassait tout...
»
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©Elzbieta |
« Ce n'est pas vrai ! La guerre n'est pas morte ! Pourquoi est-ce que tu ne l'as pas tuée ?(...)
La guerre ne meurt jamais.(...) Elle s'endort seulement de temps en temps. Et quand elle dort, il faut faire très attention de ne pas la réveiller. »
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©Elzbieta |
La guerre transparaît par touches abstraites en pleine page avec des couleurs d'orage et de sang, de cendre et de neige. les morts sont sans regard, sans expression.
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©Elzbieta |
J'aime particulièrement la relation houleuse et tendre de Flon-Flon et sa maman. Une maman qui cherche à le protéger de la guerre. Moments de révolte (Flon-Flon en colère qui enjambe la fenêtre, sort du cadre, brave l'interdit) et de tendresse ( en ombre chinoise, deux silhouettes celles de Flon-Flon et de sa maman avec une lumière douce et chaleureuse au milieu de la nuit et la neige) se succèdent.
L'auteure excelle à déployer toute une palette d'émotions contradictoires et pourtant justes (joie simple de l'enfance, tristesse, amour, colère et révolte, lassitude, peur...). Mais Elzbieta termine son histoire sur une note d'espoir, d'amour, de légèreté en brisant la frontière créée par les adultes. Et c'est avec un drôle de pied de nez que Flon-Flon et Musette,aux prénoms prédestinés, font la nique à la guerre, dans un champ de blancheur, de pureté et de nouveauté. Une page blanche pour pouvoir écrire leur destin.
Une histoire qui touche au coeur.
Elzbieta fait partie des artistes incontournables à découvrir. Son univers est foisonnant et juste dans les émotions et sentiments transmis.
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